Axe de travail 1:
Orientation stratégique et convergence

Guider l'intégration des solutions de financement et d'assurance des risques climatiques et de catastrophes dans les contextes internationaux de changement climatique et de résilience.

Mobiliser l’assurance pour les micro, petites et moyennes entreprises afin de promouvoir l’objectif de 500 millions visé par le Partenariat mondial InsuResilience : le mécanisme d’assurance durable (SIF) dirigé par les pays du V20

Dans les pays du V20, les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) contribuent au PIB à hauteur de 20 à 70 %, constituent plus de 80 % de l’ensemble des entreprises et alimentent les revenus d’exportation des pays. Elles sont des facteurs de croissance économique importants, et sans doute une condition essentielle à la résilience et aux recettes publiques. Dans le même temps, les MPME, et pas uniquement celles du secteur agricole, sont souvent particulièrement vulnérables aux évènements météorologiques extrêmes en raison de leur faible niveau de ressources humaines et financières, d’asymétries d’information et du coût des mesures de résilience. Cependant, les offres d’assurance adéquates visant à protéger les MPME sont souvent indisponibles. Par ailleurs, jusqu’à présent, très peu de projets sont axés sur l’assurance dites « climate-smart » (intelligente sur le plan climatique) spécifiquement destinée aux MPME, et encore moins sur le renforcement des capacités de gestion des risques des MPME en cours de processus. Les pays vulnérables en développement connaissent un écart de protection contre les risques climatiques d’au moins 90 % et le taux de pénétration de l’assurance non-vie dans les économies du V20, généralement représentatif du degré de couverture du secteur privé, est inférieur à 1 %.

LE MÉCANISME D’ASSURANCE DURABLE (SIF) DIRIGÉ PAR LES PAYS DU V20 EN BREF

Le mécanisme d’assurance durable (SIF) est basé sur la demande des pays et résulte des réunions régionales du V20 à la Banque asiatique de développement (Asian Development Bank – ADB) en 2017. Il est conçu sous la forme d’un mécanisme de développement de réserve de projets, qui aide les membres du V20 à déterminer les besoins des MPME en matière de protection financière dans le contexte du changement climatique et à faciliter le développement de concepts et de propositions pour les soumettre à des entités de financement des risques. À ce titre, le SIF vise à mobiliser une assistance technique et financière internationale. L’objectif est de stimuler les offres d’assurance « climate-smart » chez les assureurs domestiques et régionaux, afin de protéger les MPME et les populations pauvres et vulnérables qui en sont dépendantes.

Sur le plan opérationnel, le SIF doit être mis en place par un bureau de projet dédié, hébergé par une institution partenaire du V20. Les missions de ce bureau de projet seraient centrées sur le développement de notes et de propositions de concepts de projets, sur l’identification de partenaires opérationnels intéressés qui traduiraient ces propositions en actions, sur leur soumission à des entités de financement des risques dédiées et sur l’accompagnement de la mise en œuvre au sein des pays à titre consultatif. Ces fonctions sont actuellement assurées par la Munich Climate Insurance Initiative (MCII), en tant que bureau de projet intérimaire.

Sur le plan thématique, chaque projet sponsorisé par le SIF doit répondre à des exigences de conception spécifiques au niveau des produits et de leur mise en œuvre, tel qu’énoncé dans les champs d’action du SIF. Ces champs d’actions constituent la base d’une approche intégrée visant à inclure le développement de systèmes de protection financière dans la consolidation des capacités de gestion des risques des MPME et à renforcer les assureurs locaux et régionaux. Les éléments clés consistent notamment à encourager le regroupement d’assurances « climate-smart » avec d’autres produits (non) financiers, à traiter les thématiques du risque de base et de la confiance client à travers le règlement après sinistres, à mettre en place une distribution solide et évolutive à travers des structures (d’assurance) coopératives régionales ou nationales et des plateformes digitales, à renforcer les connaissances des MPME en matière de finance et de risques climatiques, à fournir des services de conseil ciblés en gestion des risques commerciaux et à aider les capacités de réglementation et d’assurance à adapter les calendriers de paiement des primes aux cycles économiques des MPME.

La définition exacte des MPME varie souvent, mais généralement, les micro-entreprises comptent 1 à 5 ou 10 employés, les petites entreprises 10 à 50 employés et les moyennes entreprises jusqu’à 300 employés. De ce fait, les moyens de subsistance de larges segments de populations dépendent de ces entreprises : dans les pays du V20, les MPME représentent 40 à 90 % des emplois.

Les MPME jouent donc un rôle unique, dans la mesure où elles concentrent de larges pans de population et représentent ainsi un groupe de titulaires de police d’assurance à travers lequel de nombreuses personnes (propriétaires, employés ou petites entreprises familiales) peuvent directement ou indirectement bénéficier d’une assurance. Les MPME offrent également des opportunités professionnelles importantes pour les travailleurs peu qualifiés et les femmes. Elles soutiennent par conséquent des segments de population particulièrement vulnérables et leur ouvrent la voie pour développer leur capital humain.

Les MPME peuvent être vues comme un point d’entrée important pour exploiter les progrès tendant vers l’objectif de 500 millions de personnes couvertes visé par le Partenariat mondial InsuResilience, pour contribuer au développement humain et pour mettre en œuvre sa déclaration sur le genre.

Concevoir et développer des produits d’assurance en collaboration avec les MPME, tout en renforçant leurs capacités de gestion des risques, peut donc constituer une excellente opportunité de former et d’éduquer les entrepreneurs sur les connaissances en matière de finance et de risques climatiques, ainsi que sur leurs compétences en matière de planification commerciale. Actuellement, de nombreuses barrières entravent encore le développement et la souscription des assurances contre les risques climatiques chez les MPME. Cela comprend notamment le manque de régulation, de protection du consommateur et d’offres de produits sur mesure, les taxes et l’efficacité des réseaux de distribution. De la même manière, les risques climatiques et leurs impacts financiers potentiels sont souvent inconnus ou mal compris des MPME. Les MPME qui sont conscientes de ces impacts manquent souvent de capital, notamment à travers l’accès au crédit et les compétences en matière de planification commerciale, pour investir dans la réduction des risques et pour formuler des stratégies de réaction aux catastrophes. Ces compétences sont néanmoins pertinentes pour rendre l’assurance rentable et pour permettre aux MPME de mieux comprendre pourquoi elles auraient besoin d’une assurance et à quoi cela leur servirait.

Par ailleurs, renforcer les capacités des MPME pourrait permettre aux employés d’apprendre en acquérant une meilleure compréhension de l’assurance. La gestion financière, la solvabilité et la productivité des MPME peuvent également être optimisées. 

De ce fait, les MPME peuvent être considérées comme des agrégateurs importants qui offrent un point d’entrée pour exploiter les progrès tendant vers l’objectif de 500 millions de personnes couvertes visé par le Partenariat mondial InsuResilience, pour contribuer au développement humain et pour mettre en œuvre sa déclaration sur le genre. L’approche intégrée du mécanisme d’assurance durable (SIF) peut également favoriser les progrès sur d’autres agendas, tels que le financement des MPME, l’inclusion financière et la gestion de la chaîne d’approvisionnement.

Les MPME étant le pilier de la plupart des économies du V20, le V20 a lancé le SIF sous la présidence des Îles Marshall en 2019. Le SIF est conçu comme un mécanisme de développement de réserve de projets et s’ajoutera à la structure actuelle de financement des risques en faisant avancer et en augmentant le nombre d’exécutions de projets qui améliorent l’accès des MPME aux assurances « climate-smart » et qui consolident les compétences citées plus haut. En 2020, le SIF a lancé la première étape de mise en œuvre aux Philippines, avec le soutien du Fonds de financement du climat pour la région Asie-Pacifique (en Anglais : Asia-Pacific Climate Finance Fund, ACLiFF), géré par la Banque asiatique de développement (BAsD).

DÉMARRAGE DES TRAVAUX DANS LE CADRE DU SIF:
ÉTUDE ET DÉVELOPPEMENT DES COMPÉTENCES AUX PHILIPPINES

Les Philippines sont généralement considérées comme l’un des pays du monde les plus exposés aux catastrophes. Les MPME contribuent de manière significative à l’économie du pays et aux moyens de subsistance des groupes à faibles revenus, et elles représentent 52 % des emplois. Cependant, en raison de leur accès limité aux stratégies d’adaptation, et notamment aux réserves financières et aux produits d’assurance, elles sont disproportionnellement affectées par les catastrophes. Ce projet s’appuie sur la première consultation nationale du SIF, menée en collaboration avec le Institute for Climate and Sustainable Cities (ICSC) en 2019, et il vise à augmenter la couverture des MPME aux Philippines. Son objectif est de développer un produit d’assurance coopératif contre les catastrophes, combiné à une approche globale incluant des instruments de crédit ou d’épargne.

En 2021, la première phase du projet financé par le Fonds de financement du climat pour la région Asie-Pacifique étudiera les options de conception de produits en collaboration étroite avec les MPME, en explorant notamment les options de regroupement de produits, l’ajustement des calendriers de paiement des primes aux cycles économiques des différentes MPME, la possibilité de se protéger contre le risque de base à l’aide d’un fonds de dotation interne dédié aux catastrophes et les possibilités de fournir un produit d’assurance en complément d’un renforcement des compétences en matière de réduction des risques et de réaction. 

Ce dernier point prendra la forme de services de conseil basés sur une boîte à outils de diagnostic dédiée à l’instruction des MPME en matière de finance et de risques climatiques. Cette boîte à outils sera développée en parallèle du travail sur les options de conception de produits et consistera en une série de tutoriels visant à aider les MPME à auto-évaluer le degré d’exposition aux risques climatiques de leurs entreprises et à fournir une formation sur les pratiques en matière de gestion des risques, telles que le plan de continuité commerciale, la mise à jour et l’assurance.

Nous espérons qu’exploiter l’expertise et la portée des coopératives d’assurance contribuera à fixer le produit à des échelles durables : aux Philippines, les coopératives d’assurance représentent 7 031 coopératives sociétaires, avec plus de 10 millions de membres directs et indirects. Cela leur apporte une position favorable pour mettre en place une large distribution du produit et une large diffusion de la formation, dans le sens des objectifs du Partenariat.

La mise en œuvre du SIF devrait également démarrer au Bangladesh, aux Îles Fidji et aux Îles Marshall au cours de l’année 2021.

Plus d’information :

  • Pour en savoir plus sur le mécanisme d’assurance durable (SIF), cliquer ici.
  • Maybelline Andon-Bing, secrétaire des Finances de la République des Îles Marshall, a évoqué le SIF dans son discours lors du forum annuel du Partenariat InsuResilience de 2020. Lien de la vidéo (27:35 – 35:32).

LES MINISTRES DES FINANCES DU GROUPE DES 20 PAYS LES PLUS VULNÉRABLES (V20)

Les ministres des Finances des 48 pays du groupe des 20 pays les plus vulnérables (V20) forment une plateforme de dialogue et d’action dédiée qui travaille sur des réponses financières visant à maintenir et à renforcer la stabilité fiscale et la résilience économique face au changement climatique. Il s’agit notamment de traiter les investissements afin de permettre une croissance à l’épreuve du changement climatique, de réduire l’exposition à la transition et aux risques climatiques, de tarifier le carbone et de lutter contre l’augmentation du coût du capital-investissement dû à la vulnérabilité face au climat. En complément de ces thématiques, la priorité ultime du V20 est d’augmenter l’assurance « climate-smart » systématique des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) dans les pays vulnérables. Cette demande poussée par le V20 a été exprimée pour la première fois en 2016 et a atteint son apogée lorsque le mécanisme d’assurance durable (SIF) a été sollicité afin de soutenir la croissance et le développement à l’épreuve du climat.

PAYS FIGURANT PARMI LES MEMBRES DU V20:

Afghanistan, Bangladesh, Barbade, Bhoutan, Burkina Faso, Cambodge, Colombie, Comores, Costa Rica, Éthiopie, Gambie, Ghana, Grenade, Guatemala, Haïti, Honduras, Îles Fidji, Îles Marshall, Kenya, Kiribati, Liban, Madagascar, Malawi, Maldives, Mongolie, Maroc, Népal, Niger, Palaos, Palestine, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Philippines, République Démocratique du Congo, République Dominicaine, Rwanda, Sainte-Lucie, Samoa, Sénégal, Soudan du Sud, Sri Lanka, Soudan, Tanzanie, Timor Oriental, Tunisie, Tuvalu, Vanuatu, Vietnam, Yémen.