Axe de travail 2:
Action et mise en œuvre

Faciliter une intervention et une mise en œuvre efficaces de solutions de haute qualité en matière de financement et d'assurance des risques climatiques et de catastrophes dans les pays pauvres et vulnérables.

Global Risk Financing Facility – Sierra Leone

Renforcer l’efficacité d’une protection sociale adaptable

Par le Groupe de la Banque mondiale

En Sierra Leone, le Global Risk Financing Facility (GRiF) a accordé une subvention de 2,5 millions de dollars en juin 2019 pour cofinancer une opération à hauteur de 30 millions de dollars de l’Association internationale de développement (IDA) visant à mettre en place les systèmes et les capacités techniques nécessaires à l’établissement et au renforcement du filet de sécurité national pour une réponse plus rapide aux catastrophes naturelles et aux crises, y compris les urgences sanitaires. Ces mesures visent à accroître la résilience financière des ménages extrêmement pauvres de la Sierra Leone face aux chocs liés aux catastrophes. La subvention soutient les dispositions opérationnelles et institutionnelles pour le renforcement, la conception des déclencheurs qui signalent une urgence et la mise en place des systèmes de prestation appropriés, y compris les contrats préétablis pour le paiement et la prestation de services.

CONTEXTE DU PAYS

La Sierra Leone a bénéficié d’une croissance économique forte au cours de la dernière décennie. Néanmoins, plus de la moitié de la population reste pauvre et l’économie continue à être fragilisée après plus d’une décennie de guerre civile et de catastrophes récentes. La Sierra Leone est vulnérable à des catastrophes naturelles tels que des inondations, des glissements de terrain et des sécheresses. Elle expérimente également différents chocs affectant la santé tels que des épidémies. En 2017, le pays a été impacté par l’une des pires catastrophes naturelles jamais enregistrées dans l’histoire du pays au travers d’une inondation qui a entraîné un glissement de terrain, touchant plus de 6 000 personnes, parmi lesquelles 1 141 ont été déclarées mortes ou disparues. Le pays a subi des pertes similaires suite à l’épidémie du virus Ebola en 2014, causant plus de 14 000 cas et près de 4 000 décès.

Dans un pays où 56,8 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté national (comme en 2018)¹, la réponse aux urgences impose des coûts financiers que le budget n’est pas capable de couvrir, et des contraintes fiscales déjà plutôt élevées en temps normal. Par voie de conséquence, la Sierra Leone compte largement sur l’aide humanitaire pour financer les coûts associés à de tels événements.

En 2013, le Gouvernement de la Sierra Leone a mis en place un système de filet de sécurité national afin de réduire les besoins en aide humanitaire et émettre des transferts d’argent réguliers vers les foyers extrêmement pauvres. Cela marque un déplacement du paradigme d’une aide externe vers une reprise en main du pays. Jusqu’alors, le filet de sécurité social et ses systèmes de prestation ont été utilisés pour acheminer des fonds aux populations les plus affectées en réponse aux chocs multiples subis, allant de la crise Ebola au glissement de terrain de 2017.

Cependant, dans chaque situation, le renforcement du filet de sécurité post-choc s’est avéré de circonstance avec des systèmes mis en place après l’événement et des systèmes qui n’étaient pas prévus sur le long terme pour répondre aux futurs chocs. Afin de tendre vers une approche pour prédéfinir et systématiser le renforcement du filet de sécurité post-choc, le pays a levé une subvention venant du GRiF en vue de mettre en place les éléments constitutifs d’un système de filet de sécurité réactif aux chocs préétabli, qui peut être étendu pour fournir l’aide indispensable aux personnes les plus pauvres et les plus vulnérables du pays.

¹ Indicateurs de développement mondial.

DESCRIPTION DU PROJET

En 2019, le GRiF a accordé une subvention de 2,5 millions de dollars au gouvernement de la Sierra Leone pour le soutenir et lui permettre d’investir dans un filet de sécurité réactif aux chocs prédéfini. Cela comprend 1 million pour aider à construire des systèmes et renforcer la mise en place de fonds prédéfinis reliés à des systèmes de prestation nationaux, en particulier en montant l’infrastructure nécessaire à établir les cadres institutionnels et de gouvernance afin de poser un mécanisme d’évolutivité améliorant la qualité des données existantes et comblant les lacunes, et identifiant les déclencheurs de déboursement. 1 million de dollars a été alloué pour l’assistance technique afin de renforcer les systèmes gouvernementaux pour mettre en œuvre la composante de financement conditionnel et améliorer la durabilité des systèmes au-delà du projet lui-même, ainsi que pour favoriser l’état de préparation. Les 500 000 dollars restants vont financer l’assistance technique afin d’évaluer la faisabilité des solutions de transfert de risques à l’avenir grâce à un travail analytique et le renforcement des capacités. Ce travail s’inscrit dans le système de filet de sécurité national de la Sierra Leone et est intégré au projet de crédit de la Banque mondiale au travers de financements additionnels issus des fonds IDA, assurant ainsi l’appropriation par le pays et la stabilité sur le long terme.

Le projet de la Banque mondiale a été conçu pour soutenir 35 000 foyers et étendre sa couverture aux seize districts du pays, y compris sa capitale Freetown. Dans le cadre du programme de transfert d’argent régulier, les foyers bénéficiaires devaient recevoir des versements tous les trimestres, évalués à 250 000 leone (l’équivalent de 25 dollars). Les résultats montrent que comme on pouvait s’y attendre en dessous du filet de sécurité habituel, la plus grande part des bénéficiaires à recevoir les paiements sont des femmes – 94% par rapport à l’objectif final de 70%.

Pour garantir que les systèmes de réaction aux chocs soient liés au financement disponible pour les transferts de fonds d’urgence, le gouvernement a prélevé 4 millions de dollars sur les 30 millions de dollars du projet de protection sociale de la Banque mondiale, pour les débloquer sous forme de transferts de fonds d’urgence en réponse aux catastrophes naturelles et aux chocs sanitaires. En liant les transferts d’argent pour les pauvres à des plans et des canaux de déboursement convenus au préalable, l’intention était de garantir une aide rapide aux populations touchées après une catastrophe.

IMPACT ET REACTION FACE AU COVID-19

Bien que l’objectif initial du projet ait été de concevoir des systèmes en cas de choc potentiel d’inondation, le projet s’est rapidement déplacé pour soutenir la réponse au Covid-19 après l’épidémie d’avril 2020 en Sierra Leone. Les ressources du GRiF ont été utilisées pour élaborer un manuel de réponse d’urgence au Covid-19 définissant les règles régissant la manière dont le filet de sécurité sociale serait étendu pour répondre aux nouveaux besoins, et pour adapter les systèmes existants afin de cibler et d’inscrire le transfert d’argent liquide aux bénéficiaires qui n’étaient pas enregistrés au registre existant.

En accord avec le Emergency Response Manual, un financement d’urgence de 4 millions de dollars a été débloqué en juin 2020 dès que les systèmes réactifs aux chocs ont été mis en place. En l’espace de trois mois, des transferts d’argent liquide d’urgence ont été acheminés à environ 29 000 des travailleurs vulnérables du secteur informel et leurs familles (soit env. 174 000 bénéficiaires) dans les cinq villes principales, dont Freetown. Les transferts ont ciblé les travailleurs vulnérables du secteur informel urbain et leurs familles qui par tradition ne sont pas couverts par les filets de sécurités sociaux.

L’Union Européenne a donné son accord pour injecter 5 millions d’euros supplémentaires de transferts d’argent liquide destinés à toucher 228 000 personnes de plus à la fin de l’année civile, en se servant des mêmes systèmes que ceux utilisés pour acheminer les 4 millions de dollars lors de la réponse initiale. De plus, l’expérience liée aux transferts d’argent liquide d’urgence en réponse au Covid-19 donnera des indications sur comment allouer les ressources restantes pour la mise en place du système financé par le GRIF. Vu le succès de la réponse initiale, le gouvernement est intéressé à mettre de côté des fonds qui seront réservés en cas d’urgence pour un éventuel projet à venir.

Regardez la table ronde filmée lors du Forum Annuel du Partenariat InsuResilience 2020 autour des leçons tirées de l’accord tripartite et du GRiF en Sierra Leone : video 1 (36:23 – 50:56) video 2 (0:00 – 26:45).

TABLEAU DE SYNTHESE

Aperçu
Risque(s) à couvrir
Inondation, glissement de terrain, pandémie
Produit / Solution
Filets de sécurité réactifs aux chocs
Objectif
accroître la résilience financière des foyers extrêmement pauvres en Sierra Leone face aux catastrophes et aux crises en leur fournissant des transferts d’urgence pré-financés
Bénéficiaires
402 000 personnes extrêmement pauvres
Membres du Partenariat mondial InsuResilience et leurs organisations / gouvernements partenaires
Membres du Partenariat mondial InsuResilience et leurs organisations / gouvernements partenaires : Subvention du projet GRiF

Gestion des risques climatiques et de catastrophes

Placement de ce projet le long du continuum des risques climatiques et de catastrophe: