Axe de travail 2:
Action et mise en œuvre

Faciliter une intervention et une mise en œuvre efficaces de solutions de haute qualité en matière de financement et d'assurance des risques climatiques et de catastrophes dans les pays pauvres et vulnérables.

Observations de terrain :
Gérer les risques composites en réaction aux perspectives de Mercy Corps concernant le Covid-19

Par Mercy Corps

Mercy Corps est un organisme mondial de premier plan qui travaille dans plus de 40 pays à travers le globe, en aidant les populations à vaincre l’adversité et à construire des communautés plus fortes en agissant de l’intérieur. Mercy Corps a commencé à réagir au Covid-19 au mois de janvier, lorsque les taux d’infection annonçaient une crise imminente. En tant que membre du Partenariat mondial InsuResilience, nous nous réjouissons de contribuer au rapport annuel 2020 de InsuResilience et de partager nos expériences et les enseignements que nous avons tiré de la pandémie de Covid-19.

Bien avant la pandémie de Covid-19, la crise climatique avait une incidence démesurée sur les populations les plus pauvres et les plus vulnérables. La pandémie s’est superposée aux menaces existantes (et a mis en évidence l’importance de reconnaître et de traiter les risques composites), toutes les communautés étant ainsi confrontées à l’ensemble des menaces et des défis (souvent mutuellement renforcés).

Si réduire les émissions de gaz à effet de serre reste une priorité, il est tout aussi important de gérer les impacts inévitables du changement climatique (on parle ici d’adaptation) et de renforcer la résilience des communautés qui seront les plus touchées. Des solutions existent : agir

rapidement et investir dans le renforcement de la résilience des communautés sont des méthodes rentables qui peuvent sauver des vies et préserver les moyens de subsistance. À travers le monde, les pays dépensent des milliards de dollars pour faire face à la crise du Covid-19. Malgré cet effort massif, il en faudra bien plus pour reconstruire de manière durable. Pour être efficace, la réaction au Covid-19 et les plans de relance doivent renforcer la résilience face à des risques multiples et maintenir la dynamique de réduction des risques relatifs au climat.

Vous trouverez ci-dessous des exemples spécifiques de nos efforts de gestion holistique de la pandémie de Covid-19.

Études de cas par pays

NÉPAL : SOUTENIR LE RELÈVEMENT POST COVID-19, LA RÉDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHES ET L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE DANS LES PROCESSUS DE PLANIFICATION ET DE BUDGÉTISATION ANNUELS

Le Covid-19 amplifie les conditions socio-économiques difficiles auxquelles sont confrontées les populations les plus vulnérables du Népal, tandis que les impacts du changement climatiques s’accélèrent.

Au Népal, trois personnes en situation de pauvreté sur quatre dépendent de l’agriculture et des ressources naturelles pour préserver leurs moyens de subsistance. Les personnes travaillant dans le secteur informel, notamment dans l’agriculture, sont plus vulnérables face aux effets du Covid-19 et du changement climatique.

Afin d’évaluer la situation des communautés vulnérables face aux inondations et touchées par des pluies de mousson durant la pandémie, les partenaires de la Zurich Flood Resilience Alliance au Népal (Mercy Corps, Practical Action et l’IFRC) ont analysé les défis auxquels sont confrontés 46 comités communautaires de gestion des catastrophes dans cinq districts.

Nos recherches ont abouti sur la publication « Avoiding a perfect storm: Covid-19 and floods in Nepal » que nous avons partagé avec des gouvernements nationaux, sous-nationaux et locaux, ainsi qu’avec des donateurs et des organisations homologues, afin de leur fournir des recommandations en matière de gestion des risques composites du Covid-19 et des inondations dues à la saison de la mousson.

BANGLADESH : ÉVALUER L’IMPACT DU COVID-19 ET DES PLUIES DE MOUSSON SUR LES COMMUNAUTÉS VULNÉRABLES FACE AUX INONDATIONS DU BANGLADESH

Le Bangladesh est en première ligne de la lutte contre le changement climatique. Des évènements climatiques extrêmes, la saison de la mousson annuelle et les impacts sanitaires et économiques de la pandémie touchent les communautés de plein fouet. Sans action urgente de la part du gouvernement et des donateurs, les conséquences de la mousson viendront aggraver les effets et les risques relatifs au Covid-19 et augmenter les risques de transmission au sein de populations déjà très vulnérables. Les inondations et leurs répercussions, telles que la perte de logement, l’inondation des terres agricoles, la détérioration des infrastructures essentielles comme les établissements de santé, les rassemblements dans les hébergements d’urgence et l’exposition à des eaux contaminées, peuvent amplifier les conditions socio-économiques et sanitaires des communautés déjà mises à rude épreuve.

Concern Worldwide, Mercy Corps et Practical Action, tous membres de la Zurich Flood Resilience Alliance au Bangladesh, ont procédé à une évaluation de 15 comités locaux de gestion des catastrophes (Union Disaster Management Committees –UMDC) au sein de trois districts dans le but de comprendre la situation des populations exposées aux inondations pendant la pandémie et de fournir des recommandations aux gouvernements, aux donateurs et aux communautés afin qu’ils puissent mieux se préparer aux risques composites du Covid-19 en période de mousson. Les résultats de cette évaluation sont disponibles ici.

INDONÉSIE : DÉVELOPPEMENT D’UN FINANCEMENT INNOVANT ET DE SYSTÈMES DE MARCHÉS RÉSILIENTS

La ville et la subdivision administrative de Pekalongan, toutes deux situées sur la côte nord de l’île de Java, en Indonésie, font partie d’un nombre croissant de zones côtières d’Asie touchées par des phénomènes de crues extrêmes. La situation de Pekalongan est alarmante, car quelques parties (côtières) du nord de la ville sont constamment inondées, ce qui a pour conséquence la perte de logements, de terrains et de moyens de subsistance. L’intérieur des terres subit également les conséquences négatives de l’industrie extractive locale, de la déforestation et de la mauvaise qualité des infrastructures anti-inondation. Dans la ville de Pekalongan, plus de 70 % des foyers ont subi des impacts négatifs de la pandémie de Covid-19 sur le plan social et économique. Malgré les répercussions secondaires importantes de la pandémie à travers le pays, les budgets du gouvernement indonésien sont désormais consacrés à la gestion des besoins sanitaires immédiats. En réaction à la crise sanitaire et au besoin d’aide sociale immédiate, le gouvernement local a réaffecté plus de la moitié de son fonds d’intervention à l’action face au Covid-19.

Ce fonds était auparavant utilisé pour intervenir en cas d’inondation et d’autres catastrophes naturelles. Le réaffecter intégralement aux besoins sanitaires aurait pu avoir des conséquences désastreuses sur l’actuel processus d’atténuation des inondations. Les initiatives de relèvement à moyen et long terme consacrées à la fois au renforcement de la résilience climatique et au redressement économique seront essentielles.

Nous développons un instrument financier qui soutiendra les projets portant sur la résilience face aux inondations et incluant des solutions fondées sur la nature et des initiatives destinées aux moyens de subsistance. À court terme, nous aiderons les secteurs locaux du batik et de l’aquaculture à développer des modèles d’entreprises résilients au changement climatique et, à plus long terme, nous cherchons à développer un mécanisme de financement basé sur les résultats capable de financer ces modèles, ainsi que la résilience face aux inondations à plus large échelle. L’étude de faisabilité fondamentale portant sur ce travail a été réalisée avec le soutien du Partenariat mondial InsuResilience.

KENYA, TANZANIE, ÉTHIOPIE ET NIGÉRIA : ATTEINDRE 9 MILLIONS D’AGRICULTEURS DANS LE CONTEXTE DE LA CRISE COMMUNE DU COVID-19 ET DE L’INVASION DE CRIQUETS PÉLERINS

La pandémie de Covid-19 a attiré l’attention sur les défis complexes auxquels les pays dits « fragiles » doivent faire face, en particulier au niveau des interactions entre le secteur de la santé publique, les marchés et les systèmes alimentaires. Les pays africains sont désormais confrontés au défi de développer rapidement et efficacement les approches préventives afin de réduire les risques immédiats pour la santé des populations induits par le Covid-19, ainsi que les répercussions négatives à court et long terme sur les marchés, les moyens de subsistance et les systèmes alimentaires. Associés à la pire invasion de criquets pèlerins depuis des décennies, les signes indiquent une crise imminente de la sécurité alimentaire.

Mercy Corps travaillait déjà dans ces domaines, dans le cadre de AgriFin, un programme qui fournit des services et des produits numériques afin de stimuler la productivité et les revenus des petits exploitants agricoles et de renforcer leur résilience climatique.

Face à cette crise grandissante, AgriFin a réorienté son action. Depuis le mois d’avril, le programme déploie des campagnes d’information à travers plusieurs plateformes différentes (WhatsApp, SMS, IVR, centres d’appel, émissions de télévision, Facebook, …) afin de contribuer aux efforts d’intervention en étroite collaboration avec les partenaires locaux, les agences gouvernementales et les organismes de recherche et de s’adresser au plus large public possible. Ces campagnes ont atteint plus de 9 millions de petits exploitants agricoles et leur ont permis de lutter contre la progression du Covid-19, de se préparer aux invasions de criquets pèlerins et de signaler toute observation visant à déclencher une intervention terrestre ou aérienne.

PERSPECTIVES EN MATIÈRE DE RISQUES COMPOSITES DANS DES CONTEXTES FRAGILES : ATTEINDRE LE POINT DE RUPTURE

Même avant l’impact dévastateur du Covid-19, seuls 18 % des États fragiles et touchés par les conflits étaient en voie d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030. Un grand nombre de défis, tels que la famine, des évènements météorologiques extrêmes, des conflits violents et une mauvaise gouvernance, demeuraient un frein pour ces zones fragiles. À présent, ces défis exposent fortement les contextes fragiles aux impacts de la pandémie. Le Covid-19 ne touche pas seulement la santé et le bien-être économique des communautés, il amplifie également les vecteurs intrinsèques de fragilité et de conflits violents. Les impacts du Covid-19 seront particulièrement dévastateurs dans ces zones fragiles, entraînant des conséquences durables et profondes.

Afin de mieux comprendre les défis présents dans ces contextes fragiles, et donc de mieux y réagir, les analystes de Mercy Corps ont mesuré l’effet des impacts du Covid-19 dans les zones fragiles. Résumés dans la rapport « Covid‑19 in Fragile Contexts: Reaching Breaking Point », les résultats montrent que certains des impacts les plus graves et les plus durables du Covid-19 porteront sur la sécurité alimentaire, l’emploi, les marchés locaux, l’égalité des genres et la paix durable. Le rapport fournit des recommandations sur la manière de saisir l’opportunité offerte par cette réaction face au Covid-19 de, non seulement, aider les communautés à gérer cette crise, mais aussi de renforcer leur résilience, ainsi que de mieux préparer ces communautés et les systèmes à faire face au prochain choc inévitable.

RÉSULTAT DE L’ANALYSE :

Moins d’emplois, plus d’inégalités

Les impacts mondiaux du Covid-19 qui perdureront le plus seront certainement économiques. Le rapport de Mery Corps sur l’impact rapide du Covid-19 sur les marchés a montré que les petites entreprises et les travailleurs informels sont touchés de manière particulièrement forte, dans la mesure où il ne disposent ni de déclarations, ni de liens officiels pour adapter leurs entreprises et qu’ils ne bénéficient d’aucuns réseaux de sécurité sociale ou de services d’aide à l’emploi. L’impact est encore plus grand pour les femmes, les jeunes et les populations déplacées.

Vers une augmentation des conflits violents ?

Le Covid-19 amplifie les principales causes de conflit, telles qu’un défaut de gouvernance, des inégalités économiques et un manque de confiance publique. Le risque de conflit est susceptible d’augmenter à mesure que le virus continue de se répandre, à moyen terme au niveau local en raison de l’accès restreint aux ressources, et sur plusieurs niveaux à moyen et long terme en raison des répercussions économiques et de la frustration des populations face aux mesures des gouvernements. Une récente projection prévoit une augmentation de la violence dans les États fragiles causée par les effets aggravants de la pandémie, avec treize pays susceptibles de connaître de nouveaux conflits dans les deux prochaines années. Pendant la crise du Covid-19 ou d’autres pandémies comme celle d’Ébola, la désinformation a augmenté de manière constante dans les zones les plus fragiles.

Égalité des genres : de mal en pis

Les inégalités de genre existantes sont déjà en train de se creuser, dans la mesure où ce sont les femmes et les jeunes filles qui souffrent le plus de cette pandémie, que ce soit en matière de santé ou de sécurité, d’emploi ou de protection sociale. Dans le même temps, les femmes sont largement absentes des rôles de décision et de gestion dans le cadre de la réaction à la pandémie. Cela est particulièrement vrai dans les contextes fragiles où, en plus de normes discriminatoires en matière de genre, les femmes peuvent être confrontées à des obstacles supplémentaires à la participation, tels que la sécurité personnelle.